Elora Pautrat est une artiste polyvalente et talentueuse découverte sur Instagram l’année dernière. Inspirée par la culture nippone, ses œuvres très colorées et relaxantes vont vous faire voyager à travers le Japon.


Comme on aime beaucoup son travail et vous proposer des interviews, nous lui avons naturellement posé quelques questions et c’est avec plaisir qu’elle nous a accordé du temps.

Nous avons pu discuter ensemble pendant quelques jours autour de son travail, ses inspirations, du Japon, du jeu vidéo et d’autres sujets que vous allez pouvoir découvrir au fil de l’interview.

Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Elora, je suis originaire des Alpes et je travaille actuellement en tant que Environment Artist. L’année dernière, j’ai commencé à partager mes photographies et illustrations personnelles sur les réseaux sociaux : manipuler des couleurs pastel a un effet thérapeutique et m’aide énormément à me calmer de tout le stress que peut comporter l’industrie du jeu vidéo.

Elora Pautrat ©

Comment est né ton intérêt pour le Japon et sa culture ?

J’ai une fascination pour la Japon depuis que je suis petite. Elle a commencé grâce à mes parents qui ont toujours admiré le travail de Hayao Miyazaki ou des grands maîtres de l’estampe japonaise et m’y ont initiée dès mon plus jeune âge.

Princesse Mononoké – Hayao Miyazaki

J’ai surtout découvert le Japon par le biais de ses relations avec la nature et les esprits qui le peuplent : ayant grandi dans les Alpes, le lien entre les Hommes et la Nature un sujet qui me touche énormément. Le film d’animation « Princesse Mononoké » a eu le plus gros impact sur moi et j’ai toujours eu l’envie de découvrir ce pays et ces paysages qui ont pu inspirer une oeuvre si magnifique et importante pour moi !

D’ailleurs quelles autres oeuvres d’animation ont eu de l’influence sur toi et ton univers ?

Ayant grandi dans les Alpes, j’ai été assez peu exposée aux mangas et jeux vidéo au final. J’en avais quelques-uns bien sûr, mais ce n’est vraiment pas ce qui a développé ma passion pour le Japon, ni même artistiquement au final : je me rends compte qu’à part « Sailor Moon » et le mouvement « City Pop » ce n’est pas ce qui m’inspire le plus ! Je dirais que c’est vraiment l’ukiyo-e qui m’a mis sur cette voie, ainsi que l’impressionnisme.

Vue sur le Mt. Fuji

Les films du studio Ghibli sont vraiment les seuls œuvres d’animation japonaise que mes parents me laissaient consommer sans modération ! Plus tard, j’ai pu me forger une « culture » d’animation nippone un peu plus solide avec des classiques comme Akira, Ghost in the Shell, Perfect Blue, Mushishi, Memories.

Une anecdote particulière ou marquante à tes yeux lors de tes séjours au Japon à nous raconter ?

J’en ai tellement haha ! Mon premier voyage là-bas, c’était il y a deux ans et j’étais partie avec 2 de mes meilleures amies en mode sac à dos. C’était à la fois incroyable et épuisant, car on changeait de villes quasiment tous les jours et a chaque étape, on se retrouvait dans des situations plus loufoques les unes que les autres ! Entre la grand-mère aux petits soins avec nous, la maison hantée, l’hôte qui nous a forcées a regarder un concert d’idole et celui qui prenait en photo nos shorts pendant notre absence (car il pensait qu’il s’agissait de nos sous-vêtements, oui oui) on a vécu pas mal d’aventures !

Est-ce que tu as un lieu, un quartier, une ville ou un endroit spécifique qui est ton coup de cœur au Japon ?

J’en ai plusieurs ! Kyoto évidemment pour son coté traditionnel et sa proximité avec les montagnes, la forêt et la rivière Kamo dès qu’il fait beau, c’est vraiment super agréable ! Une autre préfecture souvent délaissée, mais qui vaut vraiment le détour selon moi est Wakayama (au sud d’Osaka). J’ai aussi eu la chance d’assister au matsuri (festivals et fêtes populaires traditionnels japonais) Soma-Nomaoi à Fukushima près de la zone d’exclusion et c’était juste incroyable. Il y avait vraiment une ambiance particulière, on devait être les seules touristes et les gens étaient hyper heureux de nous voir, mais surtout voir que les gens n’avaient plus peur de venir à Fukushima après le tragique typhon.

La vue carte postale de Kyoto que tout le monde a déjà vu, mais qui donne toujours autant envie.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de partager tes travaux plus personnels sur les réseaux sociaux ?

Quand j’ai créé mon compte Twitter, c’était dans le but de me trouver un stage après la fin de mes études. Je voulais bosser dans la 3D et plus particulièrement sur les environnements dans le jeu vidéo. Donc j’ai logiquement commencé par poster mes travaux 3D persos et assez rapidement, on m’a proposé un stage. Après ça, j’ai continué à poster quelques scènes 3D mais j’avais moins de temps à y consacrer et je passais déjà mes journées entières à en faire pour mon projet de fin d’année, ce qui m’a moins donné envie de partager ça sur les réseaux. Mais en même temps, j’aimais tellement l’attention que je recevais grâce à mon travail, les gens étaient bienveillants et je voyais bien que ça m’ouvrait énormément de portes très rapidement, donc je me suis dit « pourquoi ne pas poster des travaux plus personnels ? »

Elora Pautrat
Elora Pautrat ©

J’avoue avoir été un peu réticente au début, car j’allais proposer quelque chose de très différent, surtout qu’à mon école, dès que quelque chose était en dehors des clous, il fallait arrêter, car pour eux, ce n’était pas « vendable » ou « bon » sur les portfolios. Donc j’avais peur de faire face à de nouvelles remarques du type : c’est trop rose, ce n’est pas sérieux, etc. Mais la réponse a été complètement folle, je ne m’attendais vraiment pas à ce que ça rencontre ce « succès ».

J’ai vu que tu as fais une transition entre la 2D et la 3D : tu as appris en autodidacte, via des tutoriels ou formations particulières ? Quel a été ton déclic pour vouloir travailler dans l’industrie du JV ?

Avant de passer en Game Art, j’ai fait une MANAA, mais je n’ai vraiment pas accroché. Ce qui m’a énormément déplu, c’est qu’on avait aucune liberté : j’ai osé un jour faire un arbre bleu et on m’a dit que ce n’était pas possible, car cela ne correspondait pas à la réalité. Cela m’a beaucoup déprimé parce que coller à la réalité ne me convenait pas du tout. Puis un jour, en rentrant chez moi, j’ai vu une affiche dans le métro pour une école de Game Art et ça été un déclic. Dans l’univers du jeu, personne ne te fait chier si tu ponds un truc qui ne respecte pas les lois de la physique ou biologique ! L’art ne devrait pas avoir de limites et c’est ce qui m’a poussé dans le jeu vidéo.

Elora Pautrat ©
Elora Pautrat ©

Étant petite, je rêvais devant les estampes japonaises avec ces paysages magnifiques et tous ces yōkais (créatures surnaturelles dans le folklore japonais) puis j’essayais de les reproduire à l’aquarelle, puis avec mes propres couleurs. C’est fou de ce dire que ce que je fais était « méprisé » par tous mes profs en MANAA (pas non plus franchement encouragé en Game Art d’ailleurs) et de réaliser que malgré tout, beaucoup de monde accroche à mes scènes pastelles !

En parlant de jeux vidéo, tu as un jeu ou une licence préféré ? Ou sur lequel tu souhaites pouvoir bosser dessus un jour ?

Cela peut être surprenant pour beaucoup, mais je ne suis pas vraiment une « gameuse » haha ! J’adore les jeux assez contemplatif et plutôt avec un gameplay classique. Mais si je devais choisir mes jeux préférés : Zelda Wind Waker et Breath of The Wild, Animal Crossing, Firewatch, Final Fantasy Crystal Chronicles (tellement sous côté).

Tu passes environ combien de temps à réaliser une oeuvre ? Et si tu devais en choisir une seule, celle qui te tiens le plus à cœur ? (question difficile, on avoue)

Mmmh… Je dirais entre 15h et 20h. C’est toujours dur de savoir combien de temps, je passe dessus, car je m’y mets à la fin de ma journée et je répartis sur plusieurs jours. Wow, c’est vrai que c’est difficile ! Mais si je devais en choisir une, ce serait ma version des bains du voyage de Chihiro.

Elora Pautrat ©
Elora Pautrat ©

J’aimerais faire plus de travaux basés sur ces films, car ils ont eu un impact tellement fort sur moi et j’adorerais pouvoir marier ça avec ma palette perso.

Un endroit en particulier que tu aimerais visiter (ou y retourner) et qui t’inspire pour réaliser une nouvelle oeuvre ?

Encore une question difficile hahaha ! Mais je pense que pour l’instant, je ressens vraiment le besoin de retourner à Kyoto pour essayer de redonner une touche un peu plus traditionnelle à mes oeuvres. Peut-être que c’est aussi parce que l’hiver arrive, mais j’ai aussi l’envie de me poser un peu plus, trouver un endroit cosy, tranquille et je pense que Kyoto correspond très bien à ça. Je rêve de louer une maison traditionnelle à Kyoto ou ses environs et de me poser pour dessiner tout en regardant la pluie ou la neige dehors.

Pour terminer, si tu as des artistes dont tu apprécies le travail et que tu souhaites mettre en avant pour nous faire découvrir, c’est le moment !

C’est le moment de sortir les potes alors haha ! J’adore le travail de NiniWanted, Paiheme Studio, Kelly et stanhatesyou. Mais il y en tellement que je pourrais vous citer.


Encore un grand merci à Elora pour sa disponibilité et son enthousiasme ! On vous invite fortement à suivre son travail et ses différents voyages sur son Instagram et son Twitter. Si vous souhaitez également la soutenir, n’hésitez surtout pas à faire un tour sur sa boutique en ligne ou son Patreon.